LE DEUXIÈME CHEMIN DE L’EXODE, par François Leclerc

Billet invité.

La sale besogne a commencé en Grèce. À Idomeni, une stratégie de pourrissement vise à décourager de rester les onze mille réfugiés coupables d’espérer encore l’ouverture de la frontière. Dans les îles, les centres d’accueil et d’enregistrement sont convertis en centres de détention encerclés de miradors et de barbelés. Dans les eaux territoriales turques, les patrouilles de garde-frontières interceptent les réfugiés et les refoulent en Turquie. Les autorités européennes se félicitent, le pari semblerait gagné, l’exode serait contenue, le nombre de réfugiés débarquant se limitant à quelques dizaines quotidiennement, à condition que la météo n’en soit pas la première responsable.

Côté Bulgare, un imposant dispositif militaro-policier a été déployé, en concertation avec les autorités macédoniennes. Une clôture de barbelés pourrait vite prolonger celle qui est déjà installée à la frontière avec la Turquie. Côté Albanie, des caméras thermiques ont été installées à la frontière avec la Grèce et un plan de coopération a été mis en place avec les autorités italiennes.

Ces dernières s’apprêtent à faire face à un nouveau flux de réfugiés venant dans l’immédiat de Libye, dont le nombre pourrait dépasser les 153.000 réfugiés enregistrés en 2015. Près de 14.000 réfugiés sont déjà arrivés durant les trois premiers mois de l’année, une période peu propice à la traversée de la Méditerranée. Dispersés dans tout le pays, 106.000 demandeurs d’asile attendent déjà de connaître leur sort, abrités par des associations religieuses ou laïques subventionnées par l’État. Combien vont encore chercher à atteindre l’Italie ? Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian avance le chiffre de 800.000 et Federica Mogherini, la Haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, celui de 450.000 personnes. Fermer la route libyenne sera une autre paire de manches étant donné le chaos qui règne dans le pays.

Dans ce désastre qui va se poursuivre, le ministre-président de la Thuringe membre de Die Linke, Bodo Ramelow, s’est dit prêt à accueillir 1.000 à 2.000 réfugiés d’Idomeni « qui espèrent désespérément de l’aide. »